L’ouverture du nouveau gymnase de Bussigny a été couplée à l’idée de vouloir étudier de nouveaux écosystèmes et ainsi diversifier les expériences scientifiques et sensorielles des élèves s’impliquant dans le projet S’enforester – écosystème pédagogique. À ce titre, des contacts ont été établis avec l’association en charge de la gestion forestière de 15 communes vaudoises de l’Ouest lausannois, le Groupement du Triage Forestier intercommunal de la Venoge, menant à une première rencontre entre différents acteur·ice·s du projet.
Cette première rencontre s’est effectuée dans la forêt de Grand Sève, située à peine au nord-ouest de la petite ville de Bussigny, proche de la Venoge et de son affluent le Vaube, zone très prisée des promeneur·euse·s, des coureur·euse·s et ornithologues amateur·ice·s venu·e·s prendre le temps de découvrir le sentier des oiseaux la parcourant.
Dans cette forêt s’y trouve aussi une zone humide, laquelle est (ou était) traversée par un parcours Vita, qui est facilement accessible. Seulement, lors de précipitations – la lentille d’argile sous-jacente empêchant l’eau d’atteindre les profondeurs du sol – une tendance à inonder cette zone apparaît empêchant ainsi les utilisateur·ice·s de garder leur pieds au sec. La menace devenait alors réelle sur cette zone humide – faisant partie des écosystèmes les plus menacés à l’échelle du globe – dont le drainage était en discussion.
A cet instant, l’étude de la zone humide a commencé; les élèves de la classe 1M section biologie et chimie se sont armé·e·s de papiers et de crayons pour aller recenser et cartographier les espèces composant la communauté végétale typique de cet écosystème en se répartissant le travail. Une fois celui-ci accompli, iels ont mis en commun les cartes et se sont rendu·e·s en salle informatique pour en obtenir une vue d’ensemble, dont les résultats vous sont transmis ici.
L’exercice ne s’est pas arrêté ici, car des slips en coton biodégradables ont ensuite été enfouis dans le but d’observer la dynamique de la dégradation et de l’intégration de la matière organique de la station et de la comparer à la dynamique de la forêt alentour. Pour cela, deux slips ont été enterré par chaque groupe juste avant l’hiver; l’un dans la zone humide et l’autre en dehors. Ceux-ci ont été laissé jusqu’au printemps.
Avant le déterrement, une introduction sur les cycles biogéochimiques, notamment celui du carbone, leur a été proposée, et les élèves ont du activer leurs méninges dans le but de prédire ce qu’ils et elles pensaient observer comme résultats.
Une fois les slips déterrés, direction la pesée au laboratoire pour observer en mesurer la différence de masse. Le résultat est sans appel; la zone humide réduit fortement la décomposition de la matière organique ! La raison expliquant une telle différence provient de l’absence d’oxygène dans le sol qui survient lorsque celui-ci est immergé dans la zone humide. En effet, une fois le sol saturé en eau, et sans écoulement ni renouvellement de celle-ci, l’oxygène présent va y être consommé par les microorganismes jusqu’à épuisement, limitant ou empêchant alors les décomposeurs de venir profiter du buffet mis à disposition, qu’il soit composé de litière ou de slips enterrés.
La suite s’est déroulée en classe, où les élèves ont du préparer par groupe des présentations sur les cycles biogéochimiques du carbone, du phosphore et de l’azote. Ils et elles devaient également faire le lien avec certains aspects des 9 limites planétaires en présentant des sujets connexes portant sur l’acidification des océans, l’eutrophisation du lac Léman et des milieux aquatiques ainsi que l’acidification des sols. Ceci permettra de faire le lien avec la suite du programme pour leur classe qui s’orientera vers une étude de la qualité des cours d’eau et la pédologie ! Affaire à suivre…
P.-S. Alors que les élèves étudiaient ce milieu, le parcours Vita a vu son tracé être dévié pour ne plus traverser la zone en question. Le rapport a également été transmis à Madame Paola Kaeslin, municipale à la commune de Bussigny. Celle-ci, à la suite de sa lecture, nous a fait part du message suivant :
[…] Je vous remercie pour votre envoi qui a retenu toute mon attention.
Tout d’abord, je tiens à féliciter tous vos élèves pour les recherches et le temps consacré à cette étude (et) vous remercie pour l’intérêt que vous portez à notre forêt.
Votre rapport ainsi que les résultats qui en découlent seront pris en considération, dans la mesure du possible, lors de nos futurs projets pour cette zone.[…]
Ainsi, coureurs et coureuses garderont leur pieds au sec pour l’instant et cette zone essentielle à la biodiversité pourra être sauvegardée !