La structure S’enforester

Une structure cantonale vaudoise

S’enforester est une structure cantonale mandatée par la Direction Générale de l’Enseignement Postobligatoire (DGEP). Elle s’adresse aux enseignant·e·s des Gymnases et Écoles Professionnelles du Canton de Vaud qui souhaitent intégrer la durabilité dans leurs enseignements au travers de projets transdisciplinaires concrets (voir les critères ci-dessous).

Coordonnée par la DGEP et L’éprouvette du Service de Médiation Scientifique et Culturelle (Université de Lausanne), S’enforester accompagne et soutient les enseignant·e·s dans leur projet sur les plans administratif, logistique, scientifique et culturel.

Les prestations sont gratuites pour tous les Gymnases et Écoles Professionnelles du Canton de Vaud.

S’enforester s’insère dans la vision cantonale du Département de l’enseignement et de la formation professionnelle (DEF) de l’école durable et de l’éducation à la durabilité.

L’éducation à la durabilité vise, d’une part, une combinaison entre contenus d’enseignement et approches pédagogiques et, d’autre part, un cadre scolaire cohérent avec la durabilité. Ces principes permettent d’inscrire l’école dans une approche institutionnelle globale et de développer les compétences nécessaires pour former les futurs citoyens aux enjeux du monde de demain. Une éducation à la durabilité doit permettre d’aborder les enjeux socio-environnementaux en explicitant les liens entre les limites planétaires et les besoins fondamentaux et de mieux les comprendre. C’est en effet le croisement de phénomènes sociaux et environnementaux qui définissent les grands enjeux du 21e siècle. Vision, durabilité et éducation. École vaudoise durable.

Pour toutes questions, n’hésitez pas à nous contacter :

 

 

Qu’est-ce qu’un projet enforesté ?

Pour entrer dans le cadre de S’enforester et donc bénéficier des prestations gratuites, les projets doivent présenter les critères suivants :

 

1. Être au grand air sur le territoire proche

S’enforester c’est entrer dans le dehors, en rapport avec un monde entièrement habité, c’est y prendre place en voisin, étranger ou familier, d’autres vivants. Marcher, écouter, sentir, s’orienter, observer, deviner, imaginer, hors les murs, hors connexion mais branchés à tout ce qui existe par soi-même.

Être « au grand air », c’est aussi être sur terre, redevenu terrien, ou terrestre comme dit Bruno Latour. Le grand air qu’on inspire et qui nous entoure, par le miracle ancien de la photosynthèse, c’est le produit des forces respirantes des prairies et forêts qu’on arpente, et qui sont le don des sols vivants que l’on foule : le grand air est l’activité métabolique de la terre. L’environnement atmosphérique est vivant au sens littéral : il est l’effet du vivant et le milieu que le vivant entretient pour lui, pour nous.

Baptiste Morizot, Sur la piste animale, Arles, Actes Sud, 2018 : 23

S’enforester c’est aussi être dans le territoire proche. Quelle forêt, quelle rivière ou lac, quelles montagnes, quelles villes ou villages composent le territoire autour de mon gymnase et qui y habite ?

 

2. Concerter les disciplines

L’enforestement des disciplines consiste à faire se croiser les points de vue sur un objet vivant, sur un mode d’être (être forêt, être cours d’eau…) en ayant recours, en principe, à toutes les disciplines que compte le plan d’étude des établissements secondaires. Toutes les branches du programme, rattachées à un tronc commun vivant, entretiennent une relation pertinente avec le dehors, avec ce qui  se tient par soi-même dans le monde.

Les projets enforestés font se concerter au moins deux disciplines pour aborder des sujets de durabilité sur le territoire proche.

 

3. Ancrage sur le temps long

Les projets enforestés se déroulent sur un temps relativement long, au moins bimestriel et au plus des années. Le but est de revenir sur le terrain pour réellement offrir l’opportunité aux élèves de tisser du lien avec le territoire et de leur permettre de s’y ancrer.

 

Retrouvez tous les projets enforestés ici.

 

Qui sommes-nous ?

Un collectif à composition variable et entremêlée

Nous sommes des enseignant·e·s, des médiateur·rice·s scientifiques en sciences humaines et environnementales, des professionnel·le·s de l’environnement (forestier·ère·s, surveillant·e·s faune et flore, …), des professionnel·le·s du service public (municipaux·ale·s, …)

mais encore,

nous faisons alliance avec des non-humains végétaux, animaux ou microscopiques, peuplant et modelant le monde inorganique pour créer forêts, rivières, lacs, montagnes ou prairies, qui font nos propres habitats et avec qui nous cohabitons.

 

Faire écosystème

S’enforester a pour ambition plus élevée de dépasser, dans l’idée même d’éducation au grand air, cette sorte de rapport à « la nature » qui tient à distance, qui fait de l’environnement un décor, un cyclorama, qui fait écran pour l’observateur. Nous souhaitons que le collectif ne se constitue pas que d’humains, ni seulement de vivants organiques, mais contribue à tracer une esquisse d’une de ces sortes de parlements où tout être a voix au chapitre. C’est dans cette perspective que nous souhaiterions faire souche, en particulier en donnant corps et en partageant des outils pédagogiques, des types de dispositifs, des espaces de réflexion et de dialogues, des manières d’actionner une intelligence collective environnementale.

 

En travaillant avec S’enforester vous faites dès lors partie du collectif et participez à étendre le réseau pédagogique.

 

Historique du projet

Au départ, il y a la réalité concrète d’un consensus scientifique sur l’urgence de la situation climatique et les bouleversements majeurs qu’elle annonce. Les scientifiques du GIEC concluent avec force, de la masse des données recueillies sur le terrain, que le développement des sociétés modernes s’est accompli à un rythme et par des moyens qui mettent en danger l’équilibre du système Terre et que le mode de vie moderne doit être repensé.

Les autorités politiques en ont pris acte et l’Agenda 2030 de l’ONU définit les principes d’un développement durable au sein duquel l’éducation joue un rôle central. En Suisse, la stratégie de la Confédération en matière d’éducation au développement durable (EDD) est de soutenir la transversalité de la démarche pédagogique, tant au niveau de l’école obligatoire (éducation21) qu’au secondaire II.

C’est dans ce contexte qu’est né le projet S’enforester – Écosystème pédagogique. Le but premier des enseignant·e·s porteur·euse·s du projet est de sensibiliser les élèves à la problématique des 9 limites planétaires en utilisant les moyens de l’enseignement en plein air et de la leçon de choses sur des écosystèmes naturels – une forêt, initialement.

 

Pourquoi se nommer S’enforester ?

S’enforester ce n’est pas seulement se promener en forêt, c’est suivre la piste de possibles rapports sociaux avec elle, suivre le fil ténu et souvent invisible qui pourrait tramer quelque relation diplomatique avec elle, comme avec un lac, une montagne, une rivière, un pré, ou comme avec les vivants qui les habitent. C’est une manière d’être sociable qui n’existe pas encore, ou plus, ou trop rarement et qui gagnerait, croyons-nous à s’étendre. S’enforester consiste à penser comme une forêt, ou une montagne (Leopold, 1944) ou un pré (Ponge, 1971) ou du moins à chercher comment cela se pourrait.

Le choix du terme « S’enforester » pour nommer le collectif vient de la lecture de Baptiste Morizot, qui l’emprunte lui-même au vocabulaire des coureurs des bois du Québec. Voici comment il l’entend :

S’enforester, c’est une double capture restituée par le pronominal : on va autant dans la forêt qu’elle emménage en nous. S’enforester n’exige pas une forêt au sens strict, mais simplement un autre rapport aux territoires vivants : le double mouvement de les arpenter autrement, en se branchant à eux par d’autres formes d’attention et de pratiques ; et de se laisser coloniser par eux, se laisser investir, les laisser emménager dedans.

Baptiste Morizot, Sur la piste animale, Arles, Actes Sud, 2018 : 25

Voir l’entretien “Comment vivre parmi les autres?” sur France Culture