Les feuilles tombées au sol; étude de la litière

Ce n’est pas sans motivation ni curiosité que les élèves de la moitié d’une classe du gymnase de Chamblandes sont venu.e.s dans les bois durant l’après-midi du dernier jour du mois de mars; après-midi où le soleil printanier, se faisant moins timide, remplaçait les quelques couches vestimentaires hivernales alors devenues superflues et qui avaient été sagement rangées à la maison. Pendant ce temps, les arbres reprenaient peu à peu leurs forces qu’ils avaient laissé en somnolence durant la saison froide. Les montées de sève bourdonnant à l’intérieur des troncs, les conduisaient à gentiment à débourrer leurs bourgeons pour arborer une tenue florale – chatons et fleurs déployés – pour le plus grand plaisir des polinisateurs qui effectuaient leurs premiers numéros de voltige. Les feuilles aux couleurs chaudes tombées au sol, les mêmes qui leur avaient permis de s’être épanoui pendant la saison chaude de l’année précédente – et peut être même de celles d’avant – jonchaient le sol d’un dégradé de couleurs chaudes. Impossible de les compter; il y’en a cent, il y’en a mille, il y’en a des millions! Et toutes, bien que d’apparence quasi identique, sont à force d’observation très différentes. Celle-là est intacte. Celle-ci n’a plus que son squelette. Et puis cette autre! On dirait même que ce n’est plus une feuille! Que s’est-il passé?! C’est bien là le but de cet atelier : présenter le cycle du carbone avec un regard scientifique au travers de la feuille, de sa formation à sa chute au sol à l’automne et jusqu’à sa dégradation, pour mieux comprendre la dynamique de la litière.

Première partie de l’après-midi: introduction à la problématique.

Petite introduction sous un soleil printanier.

Après avoir été accueilli.e.s, les élèves ont été questionné.e.s sur ce qu’iels pensaient être un sol, leur rapport à celui-ci, et sur sa formation ainsi que sa composition. Si toutes et tous avaient jusqu’ici un rapport différent au terme « sol », iels ont rapidement mis en évidence que celui-ci était constitué à la fois de matière minérale (provenant du bas) et de matière organique (provenant du haut). Puis, sans même avoir à trop creuser, les élèves ont échantillonné les quelques premiers centimètres du même sol que sur lequel iels se trouvaient et qui était formé de quatre couches organiques distinctes. Pour mieux pouvoir observer ces différentes couches, les échantillons ont été placés sur des feuilles blanches plastifiées, puis raccordées à leur nom scientifique (horizon de litière OL, horizon fragmenté OF, horizon humifère OH et horizon organo-minéral A). Par groupes de trois, les participant.e.s ont pris le temps de décrire les observations qu’iels faisaient sur ces différents échantillons. Ici, le constat apparaît clairement; l’horizon le plus haut, OL, est largement constitué de feuilles et de débris ligneux très peu dégradés et facilement reconnaissables ( >90%). Le suivant, montre également la présence de feuilles qui sont pour la plupart fragmentées (30-90%) auxquelles s’y ajoutent des de la matière organique fine sous forme de petites boulettes fécales provenant de la digestion des microorganismes du sol. L’horizon sous-jacent, OH, est plus évolué que ses prédécesseurs, car il possède >70% de cette même matière organique fine. Le dernier horizon prélevé, l’horizon A, était composé de matière organique fine incorporée à de la matière minérale. Du sable, provenant des profondeurs et remonté sous l’action des microorganismes y était aussi présent.

Deuxième partie de l’après-midi: expérience d’enfouissement de slips.

Armé.e.s de leurs nouvelles connaissances sur la matière organique qui constitue la litière des forêts et sur sa transformation, les élèves se sont prêté.e.s à une expérience pour le moins originale; l’enfouissement de slips en coton biodégradable. Le but de cette expérience est d’observer et de mesurer par pesée la transformation et la perte de matière organique dudit slip après un temps d’enfouissement prédéfini. Afin de choisir un endroit propice à leur dégradation, deux groupes d’élèves se sont promenés en forêt avant de se décider sur endroit qu’iels jugeaient comme adéquat pour l’enfouissement. En ce lieu, les élèves ont été conduit.e.s à bien observer et à décrire la qualité de la litière en place, tout en étant attentif.ve.s à l’environnement direct du lieu d’étude, à ses facteurs édaphiques (végétation, topographie, etc.) et à préciser son emplacement exact; il faudra tout de même les retrouver!

Enfouissement d’un des slips par une des élèves.

Troisième partie de l’après-midi: la conclusion.

Pour conclure cet après-midi passé, les élèves ont été questionné.e.s sur la différence entre la litière d’un sol forestier et celle d’un sol agricole. Iels ont été forcé.e.s de remarquer la différence fondamentale entre les deux; les sols agricoles sont dépourvus de litière, ce qui marque une rupture localisée dans le cycle du carbone en place et l’absence de nourriture pour les organismes du sol, le tout provoquant bien évidemment, à terme, un appauvrissement de ces mêmes sols. S’agirait-il de changer de pratiques agricoles pour favoriser la vie des microorganismes qui sont à la base de l’humus?

Vue sur la plaine et les surfaces agricoles depuis la forêt.

Quelle sera la suite?

La deuxième partie de la classe effectuera le même atelier que celui venant d’être décrit, si ce n’est que ses participant.e.s œuvreront à déterrer les slips préalablement enterrés. A partir de cela, la transformation des slips sera étudiée dans le but d’observer une différence dans la dégradation de la matière organique (et donc de son incorporation) en fonction des facteurs édaphiques de la station choisie. Y’aura-t-il une différence marquante? A présent, laissons le temps et la nature faire ce qu’elle fait de mieux. Et dans l’attente, le paysage aurai déjà changé lors de leur prochaine venue; les arbres auront opté pour une tenue toute verte et couverte de feuilles !

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