Qui sommes-nous ?
Un collectif à composition variable et entremêlée
Nous sommes des enseignant·e·s, des médiateur·rice·s scientifiques en sciences humaines et environnementales, des professionnel·le·s de l’environnement (forestier·ère·s, surveillant·e·s faune et flore, …), des professionnel·le·s du service public (municipaux·ale·s, …)
mais encore,
nous faisons alliance avec des non-humains végétaux, animaux ou microscopiques, peuplant et modelant le monde inorganique pour créer forêts, rivières, lacs, montagnes ou prairies, qui font nos propres habitats et avec qui nous cohabitons.
Faire écosystème
S’enforester a pour ambition plus élevée de dépasser, dans l’idée même d’éducation au grand air, cette sorte de rapport à « la nature » qui tient à distance, qui fait de l’environnement un décor, un cyclorama, qui fait écran pour l’observateur. Nous souhaitons que le collectif ne se constitue pas que d’humains, ni seulement de vivants organiques, mais contribue à tracer une esquisse d’une de ces sortes de parlements où tout être a voix au chapitre. C’est dans cette perspective que nous souhaiterions faire souche, en particulier en donnant corps et en partageant des outils pédagogiques, des types de dispositifs, des espaces de réflexion et de dialogues, des manières d’actionner une intelligence collective environnementale.
En travaillant avec S’enforester vous faites dès lors partie du collectif et participez à étendre le réseau pédagogique.
Historique du projet
Au départ, il y a la réalité concrète d’un consensus scientifique sur l’urgence de la situation climatique et les bouleversements majeurs qu’elle annonce. Les scientifiques du GIEC concluent avec force, de la masse des données recueillies sur le terrain, que le développement des sociétés modernes s’est accompli à un rythme et par des moyens qui mettent en danger l’équilibre du système Terre et que le mode de vie moderne doit être repensé.
Les autorités politiques en ont pris acte et l’Agenda 2030 de l’ONU définit les principes d’un développement durable au sein duquel l’éducation joue un rôle central. En Suisse, la stratégie de la Confédération en matière d’éducation au développement durable (EDD) est de soutenir la transversalité de la démarche pédagogique, tant au niveau de l’école obligatoire (éducation21) qu’au secondaire II.
C’est dans ce contexte qu’est né le projet S’enforester – Écosystème pédagogique. Le but premier des enseignant·e·s porteur·euse·s du projet est de sensibiliser les élèves à la problématique des 9 limites planétaires en utilisant les moyens de l’enseignement en plein air et de la leçon de choses sur des écosystèmes naturels – une forêt, initialement.
Pourquoi se nommer S’enforester ?
S’enforester ce n’est pas seulement se promener en forêt, c’est suivre la piste de possibles rapports sociaux avec elle, suivre le fil ténu et souvent invisible qui pourrait tramer quelque relation diplomatique avec elle, comme avec un lac, une montagne, une rivière, un pré, ou comme avec les vivants qui les habitent. C’est une manière d’être sociable qui n’existe pas encore, ou plus, ou trop rarement et qui gagnerait, croyons-nous à s’étendre. S’enforester consiste à penser comme une forêt, ou une montagne (Leopold, 1944) ou un pré (Ponge, 1971) ou du moins à chercher comment cela se pourrait.
Le choix du terme « S’enforester » pour nommer le collectif vient de la lecture de Baptiste Morizot, qui l’emprunte lui-même au vocabulaire des coureurs des bois du Québec. Voici comment il l’entend :
S’enforester, c’est une double capture restituée par le pronominal : on va autant dans la forêt qu’elle emménage en nous. S’enforester n’exige pas une forêt au sens strict, mais simplement un autre rapport aux territoires vivants : le double mouvement de les arpenter autrement, en se branchant à eux par d’autres formes d’attention et de pratiques ; et de se laisser coloniser par eux, se laisser investir, les laisser emménager dedans.
Baptiste Morizot, Sur la piste animale, Arles, Actes Sud, 2018 : 25
Voir l’entretien “Comment vivre parmi les autres?” sur France Culture